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Yves Lalumière
Président-directeur général de Tourisme Montréal

En tête-à-tête avec Yves Lalumière

24 février 2022 - En tête à tête

En tête-à-tête avec Yves Lalumière, président-directeur général de Tourisme Montréal depuis 2013, un leader passionné par sa ville, par le voyage, et qui discute avec nous de l’empathie nécessaire pour faire son métier au jour le jour.

1. Qu’est-ce que tu as le plus appris sur toi-même depuis que tu diriges ?

Je suis dans l’industrie du voyage et du tourisme depuis toujours, soit avec Amex, Transat et Tourisme Montréal : c’est l’industrie du bonheur. C’est un beau secteur qui est en croissance depuis quand même une vingtaine d’années. On était une des seules industries qui avait une croissance renouvelée de 4 à 5% par année. Il est certain que les derniers mois ont tout chamboulé, mais je dois avouer que je me suis malgré tout trouvé assez privilégié d’être dans cette industrie-là, parce que je pense que c’est dans les crises que tu apprends le plus. Au fil des années, la passion et l’engagement sont sans contredit mon carburant, et encore plus en périodes de crise.

Aussi, depuis que je dirige, ce qui est intéressant, ce sont les contacts que je me suis faits à travers le Canada, aux États-Unis et dans le monde entier. Je pense que c’est là aussi où tu apprends beaucoup, en voyageant, en s’inspirant de leaders à l’extérieur de nos frontières. On est souvent beaucoup trop introverti dans notre cheminement, trop centré sur nos semblables comme leader certes, mais il y a des compagnies qui le sont également. Tant que tu ne sais pas ce que tu ne sais pas, tu restes avec des impressions et des perceptions qui sont souvent fausses et erronées. Je prétends qu’il faut nécessairement aller vers l’autre pour grandir soi-même. Donc, je pense qu’avoir la liberté d’aller à l’information, que d’être curieux, puis de se comparer à la compétition en continue, c’est primordial pour se propulser vers l’avant.

2. Quels sont les leviers positifs pour atteindre tes objectifs ?

La gentillesse : toujours rester gentil et respectueux avec les gens. C’est important d’être à l’écoute. Chacun a son rôle à jouer dans la chaîne d’approvisionnement au niveau du tourisme. Un voyageur entre en interaction avec plusieurs intervenants du milieu touristique au cours de son séjour. Alors, il faut vraiment être capable d’influencer plusieurs personnes pour avoir du succès.

Je pense qu’être proche des gens, c’est la base de tout. Il faut une connexion véritable. Il ne s’agit pas juste de se parler, mais de développer et entretenir des relations harmonieuses pendant plusieurs années.

3. Qu’est ce qui t’inspire au quotidien, ce qui t’anime et qui te pousse à sortir du lit le matin ?

Mon travail est vraiment diversifié : je peux jaser avec des gens aux horizons opposés, avec des objectifs d’affaires et personnels qui diffèrent, des gens influents, des entrepreneurs, des porteurs de causes nobles, tout ça dans une même journée. Puis, le soir, je peux aller dans les événements, les musées, les restos et vibrer au rythme de la ville… J’ai clairement un des plus beaux emplois à Montréal ! Être heureux et sur son X, avoir la chance de connecter avec une industrie culturelle et sportive, des politiciens, des acteurs importants de Montréal, c’est ce qui m’allume.

Mon inspiration au quotidien, c’est vraiment de faire fructifier les investissements qu’on faits pour le bonheur des entrepreneurs dans l’industrie touristique.

Aujourd’hui, on travaille pour les restaurateurs, les hôteliers et l’écosystème. Que peut-on faire, à court terme, pour les aider ? Ça prend de l’empathie pour leur réalité puisque c’est une industrie dans laquelle les marges de profit sont très minces. On travaille avec des gens qui ont le cœur au ventre, mais qui ont besoin de plus pour survivre. Et ça, ça me pousse en dehors du lit chaque matin et je peux dire que je me couche avec le sentiment du devoir accompli aussi.

4. Qu’est-ce qui t’a préparé dans ta carrière pour être à la tête de Tourisme Montréal et faire face aux défis de cette mission de faire rayonner Montréal partout dans le monde ?

Je suis un gars de Rosemont, du Plateau et j’ai ensuite habité dans Villeray, donc je connais très, très bien Montréal.

J’ai représenté Montréal sur la scène internationale avec American Express, et Transat où j’étais également responsable du Canada et du comité mondial. Donc, mon ADN a toujours été la passion envers les visiteurs, de les recevoir et de leur faire découvrir la richesse d’une destination.

Mon cheminement a toujours été progressif, jusqu’à représenter une destination. À ce moment-là, tu es un ambassadeur de la destination. J’ai toujours travaillé avec des partenaires, que ce soient des partenaires hôteliers ou des franchisés, ou encore des agences de voyages. J’ai aussi gardé cet intérêt à défendre des PME, dans l’élaboration d’un plan d’affaires, puis dans leur retour sur investissement.

5. Si tu avais à mettre en lumière un héros ou une héroïne de l’ombre à travers les derniers mois, à qui lèverais-tu ton chapeau ?

Je pense qu’on sous-estime les fonctionnaires gouvernementaux. Ce sont des gens qui ont travaillé très, très fort, que l’on ne voit jamais, qu’on n’entend jamais, qui sont en arrière de la machine, puis qui ont dû réagir face à des décisions qui sont difficiles à gérer.

Je dirais également que les politiciens sont sous-estimés, sous-payés et qui travaillent avec acharnement. Même avant la crise. Quand tu es maire d’une ville et que tu gagnes un salaire de 200 000$, ce n’est presque rien pour toute la charge de travail.

Chapeau aux maires, aux fonctionnaires et aux élus qui méritent que l’ampleur de leur travail soit soulignée !

6. Que souhaites-tu léguer à titre de président-directeur général de Tourisme Montréal ?

Pour moi, c’est sûr que c’est de retrouver notre performance record de 2019. Réhabiliter le centre-ville de Montréal, mais surtout repositionner le Canada comme pays à visiter.

Pour y arriver, c’est primordial que chacun des Montréalais, dans plusieurs des arrondissements à Montréal, pas juste le centre-ville, s’habitue à travailler, à accueillir et à faire des connexions avec les résidents éphémères. Pour moi, il est important de continuer dans cette veine, malgré la situation que l’on vit, qu’on ait un accueil qui soit à la hauteur parce qu’on a vraiment une nature hospitalière très intense.

Je pense que les gens doivent comprendre qu’ils ont une ville spectaculaire. On a une centaine de festivals, des musées, les gens sont gentils, tu manges bien, etc. Les gens ne le voient pas nécessairement. Je donne souvent l’exemple que lorsque tu conduis une auto, sur le miroir de droite, il est écrit « Things are closer than they appear » et pour moi, c’est la même chose pour Montréal : « Montréal is much better than you think it is ». J’aimerais intensifier pour les Montréalais ce sentiment de fierté et de bonheur.

Aussi, il serait intéressant pour moi de redonner de mon expérience : prodiguer des conseils gratuitement pour aider les jeunes qui veulent vraiment se développer. Du mentorat pour La tête chercheuse, qui sait ?

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