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La sortie de crise : Discussion avec trois entrepreneurs en Chine

23 avril 2020 - En tête de l'actualité

Dans le but d’aider les entreprises du Québec à traverser la crise, La tête chercheuse a activé son réseau afin de s’entretenir avec des entrepreneurs canadiens qui évoluent présentement en Chine et qui vivent l’après-crise. Nous vous partageons leurs apprentissages et leurs conseils, en espérant que leur lucidité vous aidera à aborder les prochaines semaines avec aplomb.

Comment garder espoir, d’ici la reprise?
Nous vivons présentement l’une des plus grandes crises sociétales globales depuis le krach boursier de 2008. La crise actuelle est incomparable, car, contrairement au krach, ou encore à la Grande Récession de 1929, elle prend racine dans une réelle perturbation humaine (pandémie) et non pas dans l’économie. 

Pour savoir que cette crise n’aura pas été en vain et que nous en sortirons vainqueurs, La tête chercheuse a voulu discuter avec des entrepreneurs installés en Chine et liés au Canada, qui vivent présentement l’après-crise :

1) Teddy Hu, PDG chez PBB Creative une agence de publicité à Beijing comptant 30 employés, dont plusieurs québécois, qui a réussi à passer à travers la crise sans faire de congédiements ;

2) Carl Breau, PDG de Saimen, une entreprise qui évolue dans les domaines du divertissement, de l’éducation et de la technologie, dont les bureaux chinois sont situés à Shanghai. La compagnie a également un bureau à Montréal ;

3) Joel Shuchat, Montréalais et homme d’affaires aguerri dans le domaine de la restauration et du tourisme, notamment propriétaire de l’hôtel boutique The Orchid ainsi que d’une boulangerie et de deux restaurants : Toast et Furongji, à Beijing.

Nous sommes également allés chercher le point de vue d’une figure reconnue de la confiance au sein des organisations :

4) Me Donald Riendeau, Directeur général de l’Institut de la confiance dans les organisations.

Nous les avons questionnés afin de savoir… qu’est-ce qui nous attend, de l’autre côté de l’arc-en-ciel ? Le but : cultiver l’espoir, mais aussi, apprendre de leur expérience.

Survivre à la crise
Lorsqu’on demande ce qui leur a permis de cultiver la confiance à travers ces temps incertains de confinement généralisé, nos trois leaders installés en Chine s’accordent pour dire que la communication constante – avec leurs clients, leurs employés et leurs partenaires – est l’élément clé de leur succès : « Nous avons créé un cercle restreint de gestion de crise, marketing et développement durable avec le personnel d’encadrement resté en place – soit 12 personnes. Ce statut spécial a permis une meilleure cohésion et une meilleure communication avec les clients et nous a également donné une bonne plate-forme pour partager les informations entre les nos différentes entreprises. », nous dit M. Shuchat.

Me Donald Riendeau acquiesce et va même plus loin. Selon lui, les bases de la confiance s’installent bien avant la crise. « L’enjeu de la confiance dépend beaucoup de la relation qu’il y a eu avant la crise. Si on a établi un lien solide en amont, on part avec un avantage notoire. », nous explique-t-il.

M. Hu approuve : « La confiance se construit au fil du temps. Je ne pense pas qu’il soit possible de faire une seule action en temps de crise qui permette soudainement d’établir la confiance. Vous devez avoir de bonnes fondations et y travailler. »

M. Carl Breau renchérit. Parmi les éléments qui, selon lui, ont permis à son entreprise de passer à travers la crise : l’élaboration d’un bon diagnostic d’entreprise, le fait de faire des bons choix d’affaires, mais, surtout, de prendre soin de son équipe : « Chez Saimen, on a voulu protéger nos gens, leur montrer qu’on tenait à eux. On leur a envoyé des masques et de l’équipement pour protéger leurs enfants à la maison. Lorsqu’on passera à la prochaine étape, tout le monde sera solidaire et rallié, car ils auront senti qu’on prend soin d’eux. »

Accueillir le retour
Une fois qu’on a réussi à prendre soin de nos gens et qu’ils se sentent considérés et en sécurité, comment se préparer à la reprise et garder espoir pour ce qui est à venir ?

Pour M. Breau, la crise a des effets positifs qu’il ne faut pas bouder. « Ce n’est pas facile, mais c’est une opportunité de grandir et de changer en tant qu’entreprise. Chez nous, à cause des mesures de confinement, les frais de déplacement sont tombés à zéro. Cette nouvelle réalité nous a permis de rester aussi profitables qu’on l’était avant… et, par la bande, on a saisi une nouvelle opportunité de réduire nos coûts d’opération. »

À la sortie de la crise, on risque également de revenir à des valeurs essentielles telle la solidarité et une certaine prise de conscience sociétale.

« Nous allons réaliser quels métiers nous ont vraiment aidés à travers la crise et allons faire des compromis sociaux pour baisser certains salaires, afin d’en augmenter d’autres : livreurs, éboueurs, coursier, préposés aux bénéficiaires, etc. », explique Maître Riendeau.

Et que dire du télétravail! Jadis relayé au quatrième sous-sol par de nombreuses entreprises anxieuses de voir leurs employés en abuser, il est désormais là pour rester! Les employeurs réaliseront qu’ils peuvent faire confiance à leurs employés qui travaillent à distance et que ça sauve du temps, tout en préservant l’environnement. « Pour moi, le plus grand changement a été l’acceptation du travail à distance en tant qu’alternative viable. Avant, je pensais devoir constamment être sur place pour motiver mes membres du personnel. Aujourd’hui, je constate que tout fonctionne rondement, même après trois mois d’absence au travail! », nous dit M. Shuchat.

Cela dit, le télétravail, bien qu’une nouvelle corde à nos arcs d’entrepreneurs 2.0, ne viendra en aucun cas remplacer la richesse des relations humaines en chair et en os. « Le face à face est toujours très important, surtout ici en Chine. » explique M. Hu « Au cours des prochains mois, il y aura peut-être moins d’interactions physiques, mais je pense que l’importance de ces rencontres augmentera. »

Apprentissages pour la suite
Une fois que tout aura repris et qu’on aura l’impression de retrouver notre quotidien d’autrefois, quelles leçons, apprises au creux de la crise, seront les plus pertinentes à garder avec nous ?

Du côté du tourisme, on préconise la prudence, car beaucoup de barrières semblent encore en place, une fois la reprise économique entamée. M. Shuchat entrevoit notamment un grand ralentissement, au sein de la population chinoise : « Nous nous attendons à ce que le tourisme soit presque exclusivement chinois au cours des deux prochaines années. Nous ne nous attendons pas à ce que les étrangers soient les bienvenus en Chine avant les prochains Jeux olympiques. Et je ne pense pas que beaucoup de Chinois voyageront volontiers en dehors de la Chine. »

Cela dit, l’arrivée d’un vaccin aura le potentiel de complètement changer la donne. « Il y aura certainement des mesures de protection plus importantes, mais je crois que si un remède existe et qu’il y a un vaccin, alors tout redeviendra comme avant. Les humains ont besoin d’autres humains. », dit M. Hu.

« Lorsque ça repart, le contexte des clients et des fournisseurs n’est plus le même. », nous explique Carl Breau, pour qui il est primordial de garder un œil aiguisé sur les liquidités : « Un apprentissage que nous avons fait pour le futur : vivre un peu moins dans la marge de crédit, avec un coussin de sécurité, c’est vraiment crucial pour être en mesure de passer à travers ce genre de crise sans avoir à appuyer sur le bouton panique. »

Autre élément à garder dans sa mire, selon M. Hu : l’adaptation de ses processus, dû à la contribution croissante des revenus reliés au digital : « Au fur et à mesure que notre présence en ligne augmente, les processus commerciaux deviennent plus importants. Cela aurait dû être fait avant, mais si les processus ne sont pas clairs, il faudra les rendre clairs. Cela aura un effet direct sur votre efficacité. »

Finalement
Bien que la situation causée par la COVID-19 à l’international soit alarmante, elle nous force à changer, à revoir nos priorités et, dans certains cas, nos modèles d’affaires.

Parmi les leçons apprises : la technologie est là pour rester, une gestion préventive des liquidités est un atout assuré pour traverser la tempête et la prudence doit prévaloir, car la reprise sera à prendre avec des pincettes. Plus important encore : la création d’un lien de confiance solide et la communication constante, et en toute transparence avec nos clients, fournisseurs et, de surcroît, employés, est ce qui nous permettra garder la tête haute à travers ces temps troubles – et de cultiver l’espoir, unis et solidaires.

 

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