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Yves Gougoux
Président du conseil de Publicis Canada

En tête-à-tête avec Yves Gougoux

8 février 2023 - En tête à tête

En tête-à-tête avec Yves Gougoux, président du conseil de Publicis Canada. Partons à la découverte d’un publicitaire dévoué qui a su traverser les époques en se dédiant entièrement aux clients auprès desquels il a travaillé. Qu’est-ce qui motive toujours cette icône de l’industrie aujourd’hui ?

1- La tête chercheuse a 25 ans de carrières cette année, et tu fais partie de notre histoire. Te souviens-tu du premier mandat que tu as eu avec nous ?

J’ai rencontré Louise Descarie, alors qu’elle travaillait pour l’une de mes divisions : Touch TV. Ensuite, quand j’ai fait ma transaction avec Publicis Worldwide, Louise a démarré La tête chercheuse et je lui ai tout de suite donné des mandats pour des postes en service conseil et en création. Avec vous, ça a toujours fonctionné de façon instinctive, en pleine connaissance du marché et en prenant des décisions intelligentes et éclairées. On a toujours été fidèle à La tête chercheuse depuis !

2- Tu es un peu une icône dans l’industrie, tu l’as vue évoluer. Qu’est-ce qui a été ton moteur pendant toutes ces années ?

Mon moteur a toujours été la conquête. Le plaisir de faire grandir l’agence et son personnel en gagnant de nouveaux clients et le défi de les accompagner dans leur croissance en épousant leur marque comme s’il s’agissait de la nôtre. Puis le plaisir de la gestion d’équipes : s’entourer de gens brillants, énergiques, enthousiastes, capables de faire avancer les dossiers.

Quand on allait faire un pitch, j’avais pris l’habitude de regrouper l’équipe et de lui demander : « Le voulez-vous vraiment ? Êtes-vous prêts ? ». Si l’on avait la chance de proposer nos idées, c’était avec l’objectif de gagner le pitch même s’il y avait beaucoup de sacrifices à faire pour y arriver… et pas beaucoup de sommeil ! Ça en vaut le coût si l’on sait faire preuve de patience et qu’on déploie les bonnes énergies aux bons endroits. Les clients ressentent si une boîte s’investit dans sa marque et fait des propositions innovantes et c’est là que la loyauté se développe. Aujourd’hui, même si le métier a changé et qu’on est beaucoup plus dans le data et les relations one on one avec les consommateurs, il reste que la créativité demeure un atout distinctif.

Lorsqu’on rencontre un client, il nous évalue selon nos capacités et pour lui il y a le must et le plus. Le must ce sont les outils que nous avons en main pour l’aider. Le plus c’est l’énergie et la volonté d’aller plus loin, la connexion relationnelle et culturelle. Quand un client se rend compte de l’énergie d’une équipe, ça les inspire et les rassure.

3- Si tu devais décrire ton parcours professionnel en 2 mots, lesquels choisirais-tu et pourquoi ?

Le mot qui revient tout le temps, c’est « intensité ». Ça me colle à la peau : c’est parfois un défaut, mais dans notre métier c’est aussi une belle qualité. Il y a « intensité », mais il y a beaucoup de « chance » aussi. J’ai fait quatre rencontres dans ma vie qui ont été structurantes pour ma carrière et il fallait savoir prendre le virage que ces personnes m’ont fait prendre, même si c’était vers l’inconnu.

La première grande rencontre a été avec Henry Karpus, l’executive chairman de Ronalds-Reynolds. Quand j’ai commencé à travailler chez Ronalds-Reynolds en 1975, j’étais l’un des seuls francophones au bureau de Montréal. Henry a été le premier à avoir une énorme confiance en moi dans un pitch de McDo devant tous les franchisés, alors qu’on était contre Cossette à l’époque. Comme j’étais jeune, on doutait à l’interne de ma capacité à gagner le pitch : on ne me connaissait pas vraiment comme je venais d’arriver. Henry Karpus a dit : « C’est lui qui va y aller ». Il a eu une énorme confiance en mes capacités. Il m’avait dit : « I’ll be in the back of the room … discard everything else, just do your thing. Whatever happens, happens. I know you can do it. ». J’avais 28 ans. Puis on l’a gagné, le pitch.

La deuxième rencontre : Terry O’Malley, Président de Vickers and Benson Canada, qui m’a confié la présidence à Montréal et peu de temps après, la présidence à Toronto. J’avais accepté, mais j’ai changé de cap par la suite, car Jacques Bouchard m’offrait de devenir copropriétaire et président de BCP. Ce fut ma troisième rencontre importante. Jacques Bouchard m’a fait prendre un virage qui a fondamentalement marqué ma carrière, je lui dois beaucoup.

La quatrième rencontre structurante a été avec Maurice Lévy, à l’époque président de Publicis Worldwide. Un plus grand que grand comme il ne s’en fait plus dans notre métier. Je l’ai rencontré en 1995 et le partenariat que j’ai conclu avec lui en 1996 a marqué la suite de ma carrière. Ce fut la conquête du Canada avec la marque Publicis, le début de mon expérience à l’international, mais aussi la chance de côtoyer un si grand homme. Grâce à lui, j’ai eu la chance de pousser mon potentiel à fond, tester mes propres limites.

Ces rencontres m’ont fait prendre des virages qui ont été extrêmement structurants pour ma carrière. Autant que toutes les personnes avec lesquelles j’ai travaillé et desquelles je me suis entouré. En 1999, j’ai rencontré Andrew et Duncan Bruce. C’était aussi une rencontre capitale parce que c’est avec Andrew et Duncan qu’on a construit ce que Publicis est aujourd’hui au Canada.

Ce sont mon intensité, avec ses plus et ses moins, mais aussi la chance que j’ai eue de rencontrer ces personnes qui ont jalonné mon parcours. Il faut rester attentif et savoir reconnaitre ces personnes que l’on rencontre et qui nous font prendre de bons virages.

4- Qu’est-ce qui t’inspire chaque jour et nourrit ton bonheur professionnel ?

Sur le plan professionnel, ce qui m’intéresse le plus c’est de rester à jour avec le métier et d’accompagner mes équipes dans leur conquête quotidienne. Aujourd’hui, le métier et les défis sont très différents de ce qu’ils étaient dix ans auparavant. Ce qui m’anime c’est la volonté de donner mon 100 % pour que Publicis et ses équipes continuent leur ascension, de conserver ma pertinence et ma différence. Peu importe que l’on soit dirigeant ou partenaire (comme je l’étais jusqu’en 2015), tu dois agir avec la même passion. En fait, 27 ans après avoir fait ma transaction avec Publicis, je possède toujours le même esprit d’entrepreneur, j’ai toujours en tête l’idée de conquête comme à la belle époque de BCP. Bien entendu, je ne suis plus au front comme je l’ai déjà été, mais suis animé par la même passion. C’est dans mon ADN : quand tu as ça dans les veines, tu n’as pas le choix que de tout donner et il faut impérativement réfléchir au-delà du simple mandat, aller plus loin.

5- La tête chercheuse a 25 ans de carrières cette année, et tu fais partie de notre histoire. Raconte-moi ton histoire unique et comment nous avons pu l’influencer.

Notre collaboration a beaucoup été liée à la personnalité de Louise ou si l’on veut à l’ADN de La tête chercheuse : soit sa compréhension et familiarité avec le milieu, son instinct, sa franchise et sa transparence… Parfois vous brassiez un peu la perception que j’avais de ma propre agence. Ça provoquait une réflexion et ça m’ouvrait des possibilités : le talent qu’il fallait recruter pour corriger, améliorer ou renforcer l’agence. Le rôle d’un chasseur de têtes, c’est de bien comprendre l’environnement dans lequel son client se trouve, mais aussi de savoir où son client se situe dans son cycle de croissance, sa culture, ses ambitions et ses objectifs. Quelle est son attractivité sur le marché ? Une fois que le chasseur de têtes a bien compris ça, il peut mieux agir et il peut mieux aiguiller.

6- Qu’aspires-tu à léguer pour les prochaines années ?

Je dirais le goût de la conquête, le travail d’équipe et la passion pour les marques. Les jeunes qui rentraient chez nous, à l’époque, on les accueillait et on leur parlait de notre culture d’entreprise, de nos ambitions pour nos clients et de ce qu’on attendait d’eux. Je leur disais souvent « soyez curieux, presque impertinents dans vos demandes. Refusez la stagnation, soyez dérangeants, proposez même si vous allez peut-être vous casser le nez. Soyez ambitieux ». C’est cette idée que j’aimerais léguer pour les prochaines années : celle de toujours chercher à aller plus loin, celle d’atteindre son plein potentiel.

7- Si tu pouvais te donner un conseil à 25 ans, qui aurait peut-être fait la différence, ce serait lequel ?

Puisque l’intensité est un élément important de mon ADN, je dirais au Yves de 25 ans d’être peut-être plus conscient des sacrifices que cela impose, autant sur lui que sur son environnement, sans pour autant faire des compromis qui changeraient sa nature propre.

J’aime m’impliquer entièrement dans les projets. Il faut croire qu’on est capable d’être encore meilleur, qu’on a toujours du temps pour chercher à faire mieux. Le piège est souvent de passer rapidement à l’exécution d’une idée alors qu’il faut continuer à chercher, aller au-delà du brief initial. Parce que ceux qui se conforment parfaitement au brief et à ses règles, qui l’exécutent fidèlement sans sortir du cadre, ne connaîtront peut-être jamais leur véritable potentiel et leur véritable pouvoir de conviction. Il faut faire preuve d’impertinence, d’audace, ne pas craindre les nuits blanches parce que c’est souvent au bout de celles-ci que de nouvelles idées germent. Ces idées nous font tout réexaminer et amènent quelque chose de mieux.

Ce que j’aimerais léguer c’est la volonté d’allumer cette folie-là. C’est plus plaisant d’avoir ce petit brin de folie, cette intensité, que de rester dans la moyenne.

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