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Manon Goudreault
Présidente de l’agence dada

En tête-à-tête avec Manon Goudreault

9 novembre 2022 - En tête à tête

En tête-à-tête avec Manon Goudreault, présidente de l’agence dada, lauréate du Prix des femmes d’affaires du Québec RFAQ dans la catégorie « Entrepreneure d’impact – Moyenne entreprise » et présidente du CA de l’Association des agences de communication créative du Québec (A2C). Découvrez cette femme ambitieuse au parcours atypique qui n’a jamais craint de déjouer les attentes avec amour, pertinence… et un brin de folie !

1- Qu’est-ce que ça veut dire pour toi être entrepreneure d’impact ? 

J’ai le sentiment qu’on a longtemps imaginé qu’être un entrepreneur, c’était être guidé par la recherche de profits, et que ce qui touchait la création de valeur sociale était associé soit à des OBNL soit au secteur gouvernemental. Pour moi, être une entrepreneure d’impact, c’est d’être guidée par le souhait de faire une vraie différence et surtout pour les bonnes raisons. En ce moment, on parle beaucoup d’EDI (équité, diversité et inclusion) et de ESG (environnement, social et gouvernance). Ça peut facilement être juste des buzzwords, mais nous, on a décidé qu’on ajoutait tous ces éléments-là dans les recommandations que l’on fait à nos clients, ainsi que dans nos propres pratiques chez dada.

Si on est 100 % aligné, toutes nos décisions d’affaires, autant à l’interne qu’à l’externe, seront en phase avec notre raison d’être : propulser les marques en réconciliant l’expérience employé et l’expérience client par la créativité collaborative. Et en plus, on fait ça avec amour et pertinence. Fou, vous me direz, d’intégrer l’amour aux affaires… aujourd’hui, les clients veulent qu’on bâtisse pour eux des expériences de marque grâce à cette valeur qui est unique, parce qu’elle est ressentie.

2- Si tu devais décrire ton parcours professionnel en 2 mots, lesquels choisirais-tu et pourquoi ?

Le premier, je te dirais : folie. Je vais expliquer pourquoi. À 21 ans, j’étais directrice communication marketing affaires gouvernementales à l’Agence métropolitaine de transport. J’avais été nommée stagiaire à l’AMT quand je suis sortie de l’école et, quelques mois plus tard, le directeur communications, marketing et affaires gouvernementales est tombé en congé maladie. On m’a fait confiance et j’ai été nommée directrice par intérim, à 21 ans. Puis, quelques mois plus tard, le conseil d’administration votait une résolution pour que je sois nommée officiellement et j’ai occupé ce poste pendant près de sept ans.

À 28 ans, quand j’ai émis le souhait de quitter l’AMT, Saputo se cherchait une vice-présidence communications et j’ai été retenue pour ce rôle. Puis, à 32 ans, je fondais dada dans une industrie où on comptait sur les doigts de deux mains le nombre de femmes propriétaires et présidentes d’agence. C’était un monde d’hommes. Le mot « folie », donc, parce qu’on dirait que ça ne se peut pas quand je regarde en arrière. C’est un parcours qui est tellement atypique et où j’ai eu la chance de progresser rapidement. Ça m’a pris une bonne dose de folie pour y croire !

Le deuxième, c’est « rêve ». Quand j’étais petite, mes amis prenaient leur argent de poche pour aller s’acheter des bonbons. Moi, j’allais chez Bouclair pour m’acheter des fils. Je m’étais créé une compagnie qui s’appelait Bracelet Manon Goudreault Inc. alors que j’étais au primaire. J’avais même acheté des tablettes de factures avec des papiers carbone pour faire un double, et je vendais des bracelets sur commande.

Puis j’ai fondé deux autres compagnies, avec un petit groupe des jeunes entrepreneurs : une compagnie de trousse de premiers soins qui s’appelait Sain et sauf, puis une compagnie de chandelles qui s’appelait Luminescence. En 1994, j’ai donné une entrevue lors d’une foire de jeunes entrepreneurs au Complexe Desjardins. Le journaliste recueillait nos commentaires et je lui ai dit, du haut de mes 18 ans : les femmes d’affaires et les entrepreneures n’ont rien à leur épreuve !

Aujourd’hui, j’ai créé l’entreprise pour laquelle j’avais rêvé de travailler. C’est pour ça que je dis « folie », parce qu’il y a un bout de parcours qui est vraiment de la folie pure, qui est complètement atypique, mais « rêve » aussi parce que ce rêve que je chérissais depuis tellement longtemps est devenu réalité.

3- Depuis que tu as créé l’agence dada, qu’as-tu le plus appris sur toi-même ?

Il y a une chose qui me vient spontanément en tête : quand j’ai quitté Saputo après dix ans dans le monde corporatif, j’ai entrepris une démarche avec la Maison des Leaders pour être un meilleur humain. Puis, j’ai réalisé que d’office à mes yeux, un leader ça ne pouvait pas être vulnérable. Un leader, ça doit être fort, ça doit être dans la performance. C’est comme si je considérais que c’était une faiblesse de démontrer ses émotions avant cette formation. Après, je me suis permis de ressentir les choses, de montrer mon côté vulnérable.

Pour moi, ça génère de la confiance parce que ça attire le même comportement chez les gens qui t’entourent. Si la leader de l’entreprise se permet d’être vulnérable, les gens autour peuvent aussi l’être. Cependant, le leader doit tout de même contrôler ce qui peut être partagé avec ses équipes. Il ne peut pas s’effondrer non plus. J’ai alors réalisé l’importance d’un leader buddy, d’une partenaire, en l’occurrence Andréanne Poitras, que j’ai rencontrée grâce à La tête chercheuse, d’ailleurs. C’est à cette partenaire-là que je peux dire les vraies affaires et aller chercher du réconfort.

J’ai aussi compris l’importance de célébrer le plus possible, et pas juste les victoires. J’ai regardé une vidéo de Simon Sinek qui appelle ça le « reverse bucket list ». Quand tu as une bucket list, tu veux accomplir les choses qui s’y trouvent. Ce qui importe quand tu regardes ta liste, c’est tout ce qui n’est pas accompli. Ce que j’ai appris sur moi dans les dernières années avec dada, c’est l’importance de faire aussi le contraire : célébrer toutes les fois que tu accomplis quelque chose, pas juste de mettre le focus sur ce que tu n’as pas accompli. De célébrer même quand tu perds.

On a perdu un gros pitch il y a quelques années, on avait travaillé tellement fort. On est allé acheter une bouteille de champagne qui était aussi grosse que celle qu’on aurait bue si on avait gagné. Parce que ça m’a fait réaliser à quel point c’est sain pour les autres, pour nous et pour moi, comme leader aussi de célébrer nos accomplissements, même dans la défaite.

La dernière chose que j’ai apprise, c’est que j’étais une personne positive. Peu importe les cailloux dans mes chaussures, j’allais rester debout, j’allais continuer de marcher parce que des cailloux, quand tu es entrepreneur, il y en a tous les jours. J’ai appris à les enlever, à avoir de bonnes personnes autour pour y arriver. Surtout avec la communauté qu’on a créée : je sais qu’on est capable de marcher ensemble, on trouve toujours des solutions.     

4- La tête chercheuse a 25 ans de carrières cette année, et tu fais partie de notre histoire. Raconte-moi ton histoire unique et comment nous avons pu l’influencer.

J’ai passé la moitié de ma carrière du côté client, à l’AMT, puis chez Saputo, où j’ai beaucoup appris sur la grande entreprise, les communications corporatives et la marque employeur. Le poste chez Saputo, c’est grâce à La tête chercheuse que je l’ai eu parce que vous avez cru au potentiel d’une jeune femme qui ne correspondait pas exactement au profil demandé par le client. Quand j’ai quitté Saputo, par un concours de circonstances, j’ai eu une discussion avec La tête chercheuse qui a complètement rallumé ma flamme entrepreneuriale. Elle m’a rappelé que j’avais toujours rêvé d’être entrepreneure et m’a proposé de rencontrer les gens de l’agence Les Évadés. Je les ai rencontrés, puis j’ai décroché le poste de Directrice, planification stratégique et développement. J’ai pu comprendre comment ça se passe de l’autre côté, en agence, et ça m’a permis de rencontrer des humains d’exception : Charles Gagnon, Benoît Lach, Alain Cloutier, Hans Laroche, Claude Riopelle, Mylène Tremblay. Ça m’a donné la foi dans le monde des agences parce que ce sont des gens de cœur. J’ai appris d’eux, puis après ça, j’ai réalisé que j’étais capable de me lancer seule et j’ai créé dada.

Puis, le jour où je sentais le besoin d’avoir un bras droit, je me suis tournée à nouveau vers La tête chercheuse. J’ai à nouveau fait confiance en l’intuition, ce petit je-ne-sais-quoi que propose l’équipe. On m’a dit « Je vais te présenter quelqu’un, elle n’a pas tout à fait le profil que tu veux parce qu’elle a sa propre entreprise, mais je suis convaincue qu’il faut que vous vous rencontriez parce que vous allez vous aimer. »

Il y a quelqu’un qui m’a dit : « la chance, c’est la rencontre entre la préparation et les occasions ». La préparation, c’est tout le travail acharné que j’ai fait dans les dernières années. Les occasions, c’est en partie vous, La tête chercheuse, qui me les avez données. La préparation, sans les occasions, ça ne sert pas à grand-chose. Ça ne permet pas d’avoir le partenariat exceptionnel que j’ai avec Andréanne, ni d’avoir dada. Vous m’avez permis d’arriver au rêve que je chérissais, mais aussi d’avoir une entreprise avec une partenaire exceptionnelle, une culture d’impact que je n’aurais pas eue si vous n’aviez pas été sur mon chemin.

5- Qu’est-ce qui t’inspire chaque jour et nourrit ton bonheur professionnel ?

Ce sont des rencontres qui m’ont permis d’arriver où je suis. Le plus de gens tu inspires, le plus tu es inspirée. J’ai fait tellement de belles rencontres dans mon parcours jusqu’à présent, des rencontres qui sont devenues des rendez-vous et qui ont transformé ma façon de penser.

C’est ce qui fait que je me lève le matin, que je suis heureuse. J’ai le sentiment que dans le travail que je fais, l’humaine que je suis devenue, ça me permet justement d’inspirer des gens et d’être inspirée par toutes les connexions que j’ai tous les jours.

6- Qu’aspires-tu à construire et léguer pour disons, les 25 prochaines années ?

Je trouve que chez dada, comme dans l’industrie de la communication et du marketing, on a le micro, les caméras et les mots pour changer tellement de choses dans la société. On a le pouvoir de changer la conversation sur tellement de sujets.

J’ai envie que notre industrie soit une source lumineuse pour la société, puis que dada en fasse partie. J’ai envie qu’on humanise les marques. Chez dada, on a développé notre méthodologie de la réconciliation des expériences : on réconcilie l’expérience client et l’expérience employé.

Le succès de toutes les marques, celles qui fonctionnent bien, dépend de la capacité de rallier des individus à leur projet et à les inspirer. Ça part de l’intérieur, ça part du cœur. Donc, j’ai envie que notre industrie change les conversations. J’ai envie que dada ait un impact véritable au niveau de l’expérience, à la fois des consommateurs et des employés. J’ai surtout envie que quand on parle d’amour et de pertinence, on y associe dada, parce que pour moi, c’est super puissant. Si je peux réussir à créer des connexions seulement par ça, honnêtement c’est un check in the box. Le nombre de clients qui nous disent « on veut travailler avec vous parce que la notion d’amour nous interpelle », c’est le plus beau cadeau du monde parce que normalement, l’amour n’est pas associé aux affaires, jamais.

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